Les
ventes d'eaux embouteillées transitent par différents
circuits de distribution avant d'aboutir chez le consommateur
final. On distingue deux grands canaux de distribution
qui drainent l'essentiel des volumes d'eaux embouteillées.
Les
grandes et moyennes surfaces alimentaires (GMS) commercialisent
environ 80% des volumes d'eaux embouteillées. Les volumes
générés par les autres surfaces alimentaires sont marginaux
Les
achats des GMS transitent par les centrales d'achat,
elles même s'approvisionnant directement auprès des
producteurs d'eau. Ceux-ci sont d'ailleurs très fortement
contraints par le pouvoir de négociation des centrales
d'achat.
La
RHF (restauration collective et restauration commerciale)
génère 20% des volumes vendus d'eaux embouteillées,
dont grande partie par le biais de la restauration commerciale.
Les
CHR s'approvisionnent dans leur grande majorité auprès
des grossistes en boissons. II en est de même pour les
sociétés de restauration collective, mais les plus grosses
s'adressent à des centrales d'achat spécialisées qui
négocient directement auprès des producteurs.
A
- Les
grossistes spécialisés en boissons
Les
grossistes spécialisés en boissons sont les interlocuteurs
incontournables des entreprises de restauration commerciale.
Cela s'explique en partie par le fait que le verre consigné
est prépondérant dans les CHR et que seuls les grossistes
maîtrisent la filière du recyclage.
En
revanche, les surfaces d'alimentation, notamment les
plus grandes, recourent beaucoup moins systématiquement
aux grossistes en boissons. L'intermédiation d'un grossiste
ne se justifie plus entre un producteur et un distributeur
traitant de gros volumes.
Les
grandes surfaces alimentaires se fournissent donc généralement
auprès de leurs centrales d'achat. Moins d'une quinzaine
de centrales d'achat approvisionnent la totalité des
hypermarchés, ce qui témoigne de leur fort pouvoir de
négociation vis-à-vis des producteurs.
Les
produits sont stockés sur des plates-formes de distribution
qui desservent généralement 5 à 6 départements. Les
grossistes spécialises en boissons doivent de plus en
plus faire face à la concurrence des Cash & Corry qui
offrent de nombreux avantages.
La
fonction de grossiste comprend essentiellement l'achat,
le stockage et la revente. Le réseau des CHR et les
petites surfaces d'alimentation générale ont largement
recours aux grossistes spécialisés en boissons.
Ces
derniers sont en effet incontournables sur le marché
des CHR qui traitent de faibles volumes dans leur majorité.
En outre, de nombreux CHR sont liés à un grossiste -
entrepositaire par un contrat d'approvisionnement quasi-exclusif.
Enfin,
le verre consigné reste prépondérant dans les CHR, contrairement
au circuit de distribution alimentaire. Or, seuls les
grossistes-entrepositaires savent gérer ce circuit de
recyclage.
La
plupart des grossistes-entrepositaires misent sur la
qualité pour fidéliser leurs clients.
Dans
cette optique, la Fédération Nationale des Boissons
a mis au point une charte qualité qui engage les grossistes
sur la qualité des produits et des services, sur la
rationalisation de la logistique et l'amélioration de
la sécurité des procédures.
Les
Petites surfaces d'alimentation générale ont également
recours aux grossistes en boissons pour s'approvisionner
en eaux embouteillées. Elles ne peuvent pas s'adresser
directement aux producteurs en raison de leur faible
capacité d'achat.
Par
ailleurs, les grossistes leur assurent un service non-négligeable
(livraison sur le lieu de vente même, fourniture d'autres
boissons, crédit clients....). En revanche, les GMS
développent très souvent des relations directes avec
les producteurs d'eaux embouteillées, via leur centrale
d'achat.
On
observe en effet un raccourcissement des circuits d'approvisionnement
dans de nombreuses grandes surfaces, ce qui leur permet
de maîtriser au mieux leurs coûts et les prix des produits.
Notons
que certaines GMS sous-traitent cependant les fonctions
logistiques à des prestataires spécialisés.
En
1995, le nombre de grossistes en boissons s'est élevé
à 6279, près de 85% d'entre eux emploient moins de 10
salariés. Cela témoigne de l'extrême atomicité des structures
dans ce secteur, favorisé par le caractère régional,
voire local, du marché. On observe cependant des regroupements
de grossistes qui ont pour objectif de réaliser des
synergies et donc de générer d'importants gains de productivité.
Ainsi, après avoir admis en son sein la Société Coopérative
Distribel (qui regroupe des grossistes en boissons de
7 provinces belges), le groupe Omni-Boissons a signé
un contrat de coopération avec le groupement italien
San Geminiano.
Ce
rapprochement aboutit à la constitution d'une ligne
de force commerciale couvrant la distribution de l'eau
embouteillée, mais aussi de la bière, des boissons rafraîchissantes,..
entre la France, la Belgique et l'Italie.
Les
grossistes traditionnels sont de plus en plus concurrencés
par les Cash & Carry (Métro, Promocash...) qui captent
surtout la clientèle des CHR.
Les
Cash & Carry offrent de nombreux avantages : larges
plages horaires d'ouverture, diversité de l'offre pour
même produit, possibilité pour un restaurateur par exemple
de réaliser l'ensemble de achats...
B
- Les
centrales d'achat
Ce
sont des entreprises qui ont pour objectif de centraliser
les achats pour un ensemble de magasins adhérents.
Cela
comprend : l'étude des produits ou des gammes la recherche
de fournisseurs, les négociations d'achat. et dans certains
cas l'approvisionnement sur des entrepôts ou des plates-formes
communs.
La
facturation et le paiement sont généralement effectues
directement entre le producteur et la société de distribution
ou le point de vente. sans passer par la centrale d'achat.
Généralement,
un producteur qui souhaite vendre à une société de distribution
doit d'abord être référencé par la centrale d'achat
et ensuite négocier avec le responsable des achats de
chaque société de distribution.
Très
souvent, un troisième niveau de négociation peut avoir
lieu : entre le producteur et les différents points
de vente.
Toutefois,
ce schéma n'est pas figé et les négociations peuvent
être plus directes. Ainsi, au 1er janvier 1994, 13 centrales
d'achat couvraient près de la totalité des hypermarchés,
les 7 premières 88%. Les principales centrales d'achat
sont Galec pour le groupe Leclerc, ITM pour le groupe
Intermarché, Carrefour pour le groupe Carrefour, CAP
et CIM pour Promodès...
Cette
concentration des centrales d'achat leur confère un
important pouvoir de négociation. Cela se traduit notamment
par des négociations commerciales très difficiles, des
droits de référencement, des promotions fréquentes...
Comme
le montre le schéma suivant, la négociation du prix
entre les distributeurs et les producteurs est très
longue ; elle dépend du rapport de force existant entre
les deux parties.
Schéma
de formation des prix
entre industriels de l'agro-alimentaire et distributeurs
Prix
de vente officiel :
- remises
liées aux quantités commandées
- remises
pour services rendus par le distributeur
- fonction de grossiste
- fonction d'entrepôt
- redistribution dans les points de vente
- remises
pour actions promotionnelles
- remises
pour paiement comptant
Prix
de base facturé :
- ristourne
de fin d'année
- sur chiffre d'affaires
- sur volume
- sur progression du CA ou du volume
- ristourne
pour coopération commerciale
- gamme
- droit de référencement
- suivi promotion
- test et lancement de nouveaux produits
Prix
de vente réel :
Afin
de mieux maîtriser leur logistique. les sociétés de
distribution, voire de restauration ont créé des plates-formes
de distribution, lieu de groupage et d'éclatement des
produits.
Elles
sont destinées à approvisionner exclusivement les points
de vente des sociétés auxquelles elles appartiennent,
généralement sur un rayon de 5 à 6 départements. Les
plates-formes ont pour objectif de minimiser les stocks
tout en évitant les ruptures d'approvisionnement, et
de rationaliser la préparation des commandes et des
livraisons aux différents points de vente, notamment
grâce à I'EDI (Echange de Données Informatisé).
Lorsqu'elles
sont intégrées à un groupe de grande distribution, elles
n'ont aucune activité d'achat et de revente.
C
- Les
Grandes et Moyennes Surfaces (GMS)
La
grande distribution alimentaire a acquis un poids économique
considérable au cours des trente dernières années.
Avec
plus de 1000 hypermarchés et environ 7000 supermarchés,
le territoire national est bien pourvu en grandes surfaces.
Depuis quelques années, la grande distribution alimentaire
est en train de passer d'un régime de croissance extensive
à un régime de croissance intensive.
Cela
s'explique par la saturation du marché alimentaire et
par la raréfaction des occasions d'ouverture attrayantes,
aggravée par le durcissement de la réglementation. Si,
en 1995, les ouvertures de supermarchés se sont chiffrées
à 298, 208 sont à l'origine du hard-discount.
L'année
1995 a donc été faste en termes d'ouvertures. Cela s'explique
en partie par le fait que les magasins n'avaient pas
encore besoin de passer par les CDEC (Commission Départementale
d'Equipement Commercial). Depuis, la réforme de la Loi
Royer qui a eu pour conséquence d'abaisser les seuils
d'autorisation à 300 m2 (1 000 m2 auparavant). Les ouvertures
de GMS devraient donc être peu nombreuses dans les années
à venir.
Enseignes |
Surface
totale de vente (en m²) |
Surfaces
moyennes (en m²) |
Nombre
d'unités |
Leclerc |
1
534 022 |
4
179 |
367 |
Carrefour |
1
131 517 |
9
750 |
116 |
Casino |
705
531 |
6
356 |
111 |
Mammouth |
567
624 |
6
108 |
92 |
Auchan |
520
094 |
10
401 |
50 |
Continent |
519
474 |
6
475 |
79 |
Cora |
447
660 |
8
290 |
54 |
Intermarché |
228
001 |
3
211 |
71 |
Hyper
U |
96
107 |
3
203 |
30 |
Inventaire
du parc des neuf premières enseignes (Source LSA) 1996
Au
1er janvier 1996, on comptait 1 791 magasins de hard-discount.
Malgré un net ralentissement du rythme des ouvertures
en 1995, le hard-discount demeure un secteur très dynamique.
La
couverture nationale des enseignes de hard-discount
est presque totalement réalisée. Seules la Corse, la
Creuse et la Lozère ne comptent pas de hard-discount.
Cette forme de distribution représente désormais plus
de 20% du nombre total de supermarchés en France, contre
moins de 4% il y a cinq ans.
Le
ralentissement du nombre d'ouvertures s'explique d'une
part par la consolidation des positions des principaux
acteurs et, d'autre part, par la forte contrainte logistique
qui pèse sur le développement des réseaux (nécessité
de centraliser les achats et de développer des plates-formes
de distribution).
Toutes
enseignes confondues, le hard-discount pèse en valeur
6,6% du marché des produits de grande consommation et
des produits frais dans l'univers des GMS et des magasins
de proximité. II détiendrait par ailleurs 7% du marché
total des eaux embouteillées.
Ce
sont principalement des eaux de source qui sont commercialisées
dans ce type de commerce du fait de leur bas prix. Les
principales enseignes de hard-discount présentes sur
le territoire français sont Lidl (Allemagne, 415 magasins),
Europa Discount (Carrefour, 224), Aldi (Allemagne, 200),
Le Mutant (Coop de Normandie-Picardie, 191), CDM (Groupement
des Mousquetaires, 188), Leader Price (Groupe Jean Baud,
188) et Ed L'Epicier (Carrefour, 147).
Le
concept du hard-discount est une tendance lourde de
consommation, et non pas seulement l'effet de la crise.
Par ailleurs, la clientèle des hard-discounts tend à
se rapprocher de la structure de la population française,
même si les catégories socio- professionnelles modestes
sont encore surreprésentées.
Les
GMS génèrent environ 80% des ventes totales d'eaux embouteillées
en volume. Les 10 plus gros acheteurs représentent une
part importante du chiffre d'affaires des 3 grands producteurs
nationaux d'eaux embouteillées et disposent donc d'un
fort pouvoir de négociation.
En
moyenne, les eaux en bouteille représentent 1,1% du
chiffre d'affaires tous produits des hypermarchés et
1,7% de celui des supermarchés. Le rayon des eaux en
bouteilles est le plus productif des rayons des hypermarchés
(rotation rapide des produits), avec un chiffre d'affaires
moyen de 130 kf/an/mètre linéaire.
On
trouve en général une trentaine de références d'eaux
dans les GMS. D'après les dernières données de Nielsen.
les hypermarchés et supermarchés français ont commercialisés
en 1995 près de 4,7 Mrds de litres d'eaux embouteillées,
soit une progression de 12,5% par rapport à l'année
précédente.
Les
conditions climatiques expliquent en partie une telle
croissance.
Enseignes |
Surface
totale (m²) |
Surface
moyenne (m²) |
Nombre
d'unités |
Intermarché |
2
044 570 |
1
315 |
1
554 |
Super
U |
747
594 |
1
448 |
516 |
Champion |
657
236 |
1
386 |
474 |
Casino |
469
868 |
1
100 |
427 |
Stoc |
502
282 |
1
375 |
635 |
Atac |
400
038 |
1
324 |
302 |
Shopi |
255
838 |
580 |
441 |
Lidl |
271
271 |
711 |
381 |
Leclerc |
229
484 |
1
635 |
140 |
Match |
197
336 |
1
368 |
144 |
Franprix |
185
162 |
748 |
247 |
Marché
U |
160
854 |
761 |
210 |
Inventaire
des 12 premières enseignes de supermarchés (y compris
le hard-discount) (Source LSA) 1996
Les
ventes d'eaux aromatisées sont marginales dans les GMS
bien que ce segment semble avoir atteint un seuil de
maturité. En revanche, les ventes d'eaux gazeuses se
sont accrues de 7,5% en volume par rapport à 1994, ce
qui confirme le potentiel de croissance existant sur
ce segment.
Mais
ce sont les eaux plates qui enregistrent la meilleure
performance avec un accroissement de leurs ventes en
volume de plus de 13% en 1995. Sur ce segment. les ventes
en volume d'eau de source se sont accrues de plus de
25% et celles d'eaux minérales de 8,6% en 1995.
|
Millions
de litres |
Part
de marché (%) |
Millions
de francs |
Part
de marché (%) |
Prix
moyen au litre (F) |
|
Eau
de source |
1
223,1 |
26,1 |
1
186 |
13,4 |
0,97 |
Plate
nature |
1
155,0 |
24,7 |
1
023 |
11,5 |
0,89 |
Plate
aromatisée |
0,8 |
- |
3 |
- |
3,89 |
Gazeuse
nature |
58,1 |
1,2 |
121 |
1,4 |
2,08 |
Gazeuse
aromatisée |
9,3 |
0,2 |
39 |
0,4 |
4,20 |
|
Eau
minérale |
3
455,1 |
73,9 |
7
680 |
86,6 |
2,22 |
Plate
nature |
2
667,9 |
57,0 |
4
936 |
55,7 |
1,85 |
Plate
aromatisée |
27,0 |
0,6 |
108 |
1,2 |
4,00 |
gazeuse
nature |
723,9 |
15,5 |
2
378 |
26,8 |
3,29 |
gazeuse
aromatisée |
36,4 |
0,8 |
259 |
2,9 |
7,13 |
|
Total |
4
678,2 |
100,0 |
8
866 |
100,0 |
1,90 |
Ventes des eaux embouteillées dans les GMS (Source Nielsen)
La
plupart des GMS font très peu d'efforts dans la présentation
marchande des eaux embouteillées, notamment en raison
de la faiblesse des marges qu'elles dégagent sur ces
produits.
Cependant,
cette tendance est en train de s'inverser avec l'apparition
des " caves à eaux ", chez Auchan notamment, bien que
cela ne représente que des volumes marginaux. Des actions
de merchandising sont également menées à l'initiative
des producteurs d'eaux embouteillées dans les GMS pour
mettre en valeur leurs produits et éviter ainsi une
trop forte banalisation.
|