Le
marché français des eaux embouteillées se partage entre
les eaux plates, les eaux gazeuses et les eaux aromatisées.
Leur taux de pénétration dans les foyers français est
respectivement 84%, 58% et 18% en 1995
A
- Les
eaux plates
Historiquement,
le marché des eaux embouteillées s'est développé et
consolidé autour des eaux plates. Plusieurs raisons
sont à l'origine de cette évolution, dont les plus importantes
sont la dégradation de la qualité de l'eau du robinet,
l'arrivée des emballages en matière plastique qui ont
rendu les bouteilles plus légères, la première bouteille
en PVC (polychlorure de vinyle) a été mise sur le marché
en 1968 par Vittel, mais aussi plus facile à transporter
et à manier : la modification des modes de vie et de
consommation avec la recherche de produits naturels
et sains, bénéficiant de garanties hygiéniques.
Actuellement,
les ventes d'eaux plates se développent grâce aux petites
marques, aux premiers prix, mais aussi grâce aux eaux
positionnées sur l'axe " santé ", telles Evian, Volvic
ou Hépar (cette dernière est très riche en magnésium).
Les marques régionales et les marques de distributeurs
(MDD) représentent désormais 40% des ventes d'eaux plates.
La
France est le seul marché important au niveau européen
où la distinction entre les eaux minérales et les eaux
de source apparaît de façon aussi nette (Décret du 6
juin 1989). Les secondes font figure d'outsiders sur
un marché largement dominé par trois grands groupes
producteurs d'eaux minérales (Danone, Nestlé, Castel)
et les divergences d'intérêt entre les deux familles
d'acteurs sont importantes. Les eaux de source ont largement
bénéficié des modifications récentes des attentes des
consommateurs et ont pris des parts de marché aux eaux
minérales plates.
B
- Les
eaux minérales
Le
marché des eaux embouteillées s'est historiquement développé
autour des eaux minérales dont la connaissance des vertus
remonte loin dans l'histoire de l'humanité (thermes
romains par exemple).
L'industrie
des eaux minérales est cependant véritablement apparue
au milieu du 19eme siècle, avec la révolution industrielle
et le développement du thermalisme pour certaines sources
comme Evian, Contrexéville. Vittel ou Vichy. Plus récemment,
la communication habile des industriels de l'eau minérale,
qui véhicule une image de pureté et de nature, leur
a permis de tirer profit de la dynamique liée aux nouvelles
préoccupations des consommateurs. notamment en matière
d'authenticité et de santé.
Au
cours de la période 1984-1990, le taux de croissance
annuel moyen de la consommation d'eaux minérales s'est
établi à 5,8% en volume. Cela témoigne de l'engouement
des Français pour ce produit. A partir de 1991, on observe
un net ralentissement de ce rythme de croissance qui
correspond à la maturité du marché des eaux minérales,
mais aussi à la plus large diffusion des eaux de source
dans les circuits alimentaires.
Les
produits bénéficiant d'un positionnement particulier,
c'est le cas des eaux fortement minéralisées ou des
eaux gazeuses, enregistrent de bonnes performances,
tirant ainsi le marché global des eaux minérales à la
hausse. A l'inverse, les eaux banalisées comme Evian
voient leur part de marché reculer. En effet. le consommateur
tend plus facilement à les remplacer par des eaux de
source, voire des eaux premiers prix, d'autant qu'il
est devenu beaucoup plus attentif aux prix avec la crise
économique.
C
- Les
eaux de source
Les
eaux de source sont apparues après la seconde guerre
mondiale. Une autorisation de la préfecture suffit pour
leur exploitation. A la différence des eaux minérales
il ne leur est pas reconnu de vertus thérapeutiques.
Elles constituent cependant un marché à part entière,
bien distinct de celui des eaux minérales en dépit d'importantes
substitutions.
Au
cours de la période 1980-1990, les ventes en volume
d'eaux de source se sont accrues en moyenne de 11,6%
par an. Ce succès s'explique en grande partie par leur
prix inférieur à celui des eaux minérales (entre 0,80F
et 1,5F le litre). Offrant des garanties hygiéniques
nettement supérieures, elles ont en outre séduit de
nombreux consommateurs d'eau du robinet.
Depuis
le début des années 90, la croissance des ventes d'eaux
de source s'est quelque peu ralentie. Entre 1991 et
1994, le taux de croissance annuel moyen s'est ainsi
établi à 6,9%, ce qui reste néanmoins une progression
supérieure à celle des eaux minérales.
Ce
marché semble montrer des signes de maturité. En outre,
il a dû faire face à l'offensive des industriels de
l'eau minérale qui ont notamment organisé de grandes
campagnes promotionnelles tout en recentrant leur communication
sur les spécificités des eaux minérales.
Afin
de se différencier, certaines eaux de source ont opté
pour le label " Eau de Source de Montagne " (appellation
relative à la loi montagne de 1985). Les eaux portant
ce label présentent les mêmes caractéristiques qu'une
eau de source traditionnelle, mais elles sont commercialisées
à un prix supérieur, contribuant à tirer le prix des
eaux de source vers le haut.
D
- Les
eaux gazeuses
Depuis
quelques années, les eaux gazeuses enregistrent une
bonne progression de leurs ventes (accroissement des
ventes en volume dans les GMS (grandes et moyennes surfaces)
de 4,8% en 1994). Cet engouement pour ce type de produit
correspond à une inversion des structures de consommation
d'eaux embouteillées traditionnelles : l'eau plate est
devenue un produit banalisé tandis que l'eau gazeuse
présente un caractère attractif (festivité et dynamisme
lui sont associés) sur le marché français.
En
outre. les ventes d'eaux gazeuses ont été dynamisées
par les promotions des grands producteurs, l'arrivée
de nouvelles marques (Arvie, Salvetat et plus récemment
Quézac) et le succès des petites marques commercialisées
à des prix attractifs. Les premiers prix et les MDD
représentent actuellement 15% des ventes d'eaux gazeuses.
Ce segment reste cependant difficile à pénétrer car,
selon la société de distribution Neptune, les critères
d'achat se révèlent subjectifs. Les producteurs visant
ce marché devront ainsi disposer des compétences et
des moyens financiers nécessaires à une stratégie marketing
aiguisée. Cependant, la consommation annuelle par habitant
est encore très inférieure en France à ce que l'on peut
observer chez nos voisins européens.
E
- Les
eaux aromatisées
Le
segment des eaux aromatisées est très jeune puisque
le premier lancement remonte à seulement 1986. C'est
pourquoi les eaux aromatisées ne représentent encore
que de faibles volumes (80 millions de litres vendus
en 1994).
Malgré
sa jeunesse, ce segment semble être parvenu à maturité
et éprouve beaucoup de difficultés à se positionner
dans l'univers des boissons sans alcool. Les eaux aromatisées
sont 25 à 50% plus chères que les eaux nature et sont
donc pénalisées sur le rayon eaux. Dans le rayon des
soft drinks, elles doivent faire face à la concurrence
de nombreux produits aux goûts très diversifiés. Enfin,
le segment des eaux aromatisées connaît également une
très forte saisonnalité.
Au
total, le marché français des eaux embouteillées se
caractérise par la très forte pénétration des eaux plates.
Sur ce segment, les eaux de source nature dynamisent
actuellement les ventes avec une très forte croissance
de leurs ventes en 1995 (prés de 27% en volume dans
les GMS). Elles ont déjà conquis un grand nombre de
consommateurs et devraient poursuivre leur pénétration
dans les foyers français puisque la plupart des personnes,
interrogées dans le cadre de l'enquête Adec-Crédoc,
estiment que la qualité des eaux de source est au moins
équivalente à celle des marques réputées, mais pour
un prix inférieur.
Les
eaux gazeuses nature conservent également un bon potentiel
de développement (croissance des ventes en volumes de
7,5% dans les GMS en 1995) compte tenu de la moindre
consommation annuelle des Français comparativement à
leurs voisins européens.
Le
récent lancement de Quezac (groupe Nestlé) témoigne
des opportunités existant sur ce segment (les ventes
de cette eau ont fortement progressé en quelques mois,
sans pour autant véritablement pénaliser les autres
marques). Les eaux minérales ont également enregistré
de bonnes performances. II est vrai que les grosses
chaleurs estivales de 1995 ont été favorables à la consommation
d'eau embouteillée en général.
En
revanche, les ventes d'eaux aromatisées ont fortement
reculé sur le segment des eaux de source (retrait des
linéaires ?), et très faiblement progressé sur celui
des eaux minérales.
Taux
de Croissance en 95/94 (en %) :
Evolution des ventes d'eaux embouteillées
en volume dans les GMS (Source Nielsen)
- Eaux
minérales + 8,9
- Eaux
de source + 26,5
- Eaux
gazeuses +7,5 %
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